Le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) a déploré dans un rapport publié dimanche dernier, la lenteur des progrès en matière de liberté de la presse au Rwanda, vingt ans après le génocide ayant déchiré ce pays en 1994.
Selon cette organisation américaine à but non lucratif, «la presse rwandaise reste régie par la censure aussi bien volontaire que forcée ». Toutefois, elle fait remarquer que certains progrès ont été réalisés, à l’instar de l’adoption en 2013 d’une loi renforçant la protection des journalistes, ainsi que la mise en place d’une instance chargée de l’autorégulation des médias (la RMC). Ces avancées, bien que louables, restent encore insuffisantes, de telle sorte que la presse rwandaise continue d’être sévèrement censurée.
D’après le CPJ, certains journalistes rwandais se résignent à accepter cette situation, « afin d’éviter un retour aux combats ethniques qui ont déchiré le pays au début des années 1990 ». Par ailleurs, le gouvernement détient un fort pouvoir de contrôle sur les médias, avec notamment des lois réprimant « l’outrage » envers les hautes autorités du pays, le chef de l’Etat en l’occurrence. Les lois punissent également le « divisionnisme », un crime dont la définition assez imprécise soulève de nombreux débats, et considéré par certains comme un prétexte pour museler tout média opposé au pouvoir.
Le rapport du CPJ indique également que les journalistes rwandais continuent d’être régulièrement menacés et harcelés par certains éléments des forces de sécurité. Une situation qui empêche les professionnels des médias de jouir pleinement de leurs droits, et surtout des « libertés nouvellement accordées ». Cela entrave sévèrement «l’émergence de médias critiques et indépendants », déplore le Comité de Protection des Journalistes, basé à New York, et entièrement dévoué à la promotion de la liberté de la presse à travers le monde.