Le GDPR, un parti d’opposition rwandais, a porté plainte contre l’État, estimant que la mise à l’écart de la langue française par le gouvernement va à l’encontre de la Constitution et risque de désavantager la population francophone.
En effet, le français est de moins en moins utilisé au Rwanda. Ainsi, les nouveaux billets sont désormais imprimés en anglais et en kinyarwanda, de même que les documents officiels. Pour le Parti vert démocratique du Rwanda (GDPR), cette situation est un non respect de la Constitution, en l’occurrence son article 5 consacré aux langues officielles du pays. « Cet article consacre le français comme langue officielle du pays, au même titre que le kinyarwanda et l’anglais », rappelle Frank Habineza, leader du parti.
Selon lui, de nombreux Rwandais ont reçu une éducation en français, et par conséquent ne pourront pas jouir des mêmes droits que les autres citoyens, si cette langue disparaît du pays. Aussi, le GDPR a-t-il jugé nécessaire de « déposer un dossier à la Cour suprême pour qu’elle demande aux institutions de l’État de respecter la Constitution ».
Outre cet argument, M. Habineza évoque une autre conséquence de la disparition progressive du français de l’éventail linguistique du Rwanda. Selon lui, « de nombreux citoyens rwandais sont exclus du marché du travail, en raison de leur mauvaise connaissance de la langue anglais ».
Pour l’opposant rwandais, il s’agit d’un problème sérieux, qui entrave le processus de réconciliation. « Lorsque les gens se plaignent et ne peuvent pas avoir du travail, ils se sentent comme des citoyens de seconde zone », déclare-t-il, déduisant que le processus de réconciliation ne pourra pas progresser, tant que ce problème linguistique subsistera au Rwanda.
Jusqu’à présent, la Cour suprême de ce pays ne s’est pas encore prononcée sur cette plainte.