En Egypte, la pratique de la dénonciation, encouragée par les autorités, prend de l’ampleur. Ce qui nuit considérablement à la liberté d’expression.
Dans les lieux publics, les Egyptiens ont peur de parler politique et, surtout, d’oser critiquer le régime en place dirigé par le chef d’Etat Abdel Fattah al Sissi. Pour cause, les actes de délation sont devenus fréquents. Cela joue en défaveur de toute opposition. A titre d’illustration, les partisans de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi ont pour habitude de manifester tous les vendredis dans les artères des grandes villes. Mais, à vrai dire, ce mouvement est à bout de souffle. Beaucoup de protestataires redoutent la répression, qui est sans pitié. Ainsi, pas plus tard que le vendredi 12 décembre, un manifestant a été abattu par les forces de l’ordre lors d’un rassemblement dans la capitale égyptienne.
La société égyptienne est actuellement truffée d’indics, ce qui rend les militants prudents .Ils se gardent des discussions politiques en public, utilisent des téléphones sécurisés et se réunissent seulement dans des lieux sûrs. Ces précautions pourraient paraître excessives mais ce n’est nullement le cas. Samedi dernier, deux Anglo-égyptiens et leur cousin ont été interpellés par la police dans le métro du Caire. Les forces de l’ordre ont été prévenues par un autre passager, qui avait affirmé les avoir entendus planifier des attentats.
Interrogé sur cette multiplication de dénonciations, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Hani Abdel Latif, y trouve du positif. « Cela montre que le citoyen est conscient des dangers et des défis du moment », a-t-il estimé.
Son de cloche totalement différent du côté de plusieurs ONG de défense des droits humains. Pour ces organisations, le régime de Sissi est encore plus autoritaire que celui de Moubarak. Pour le politologue Sherif Mohi el-Din, « la délation est même encouragée par la presse, presque totalement acquise au dirigeant égyptien ».