Des violences ont éclaté samedi dernier à Libreville, lors d’une manifestation de l’opposition gabonaise contre le président Ali Bongo. Selon des sources proches, l’intervention des forces de l’ordre a fait trois morts et de nombreux blessés.
Les opposants, réunis au sein du Front de l’opposition pour l’alternance, ont dénoncé l’intervention policière dans leur « manifestation pacifique ». « Le chef de l’Etat a mobilisé les unités spéciales de la gendarmerie et de la police, et dirigé les armes de la République contre de paisibles Gabonais aux mains nues », s’est insurgée cette coalition, déplorant « trois morts, de nombreux blessés graves et des arrestations massives », ainsi que des « tueries commises de sang froid et à balles réelles ».
Samedi, le Parquet de Libreville avait pour sa part signalé la mort d’un étudiant de 30 ans, décédé dans des « circonstances floues ». En effet, selon le médecin légiste, l’étudiant aurait succombé à une blessure à la gorge causée par un objet contondant, et non par une balle.
En tout état de cause, l’opposition a appelé ses manifestants à ne pas reculer «devant la persistance des institutions à se porter au secours d’un homme, qui a présenté de faux papiers pour parvenir au Pouvoir et qui gère notre pays comme une propriété personnelle ».Une nouvelle manifestation a ainsi été programmée dimanche après-midi.
Abdoulaye Bathily, représentant des Nations Unies en Afrique centrale, a condamné ces incidents, et déploré « l’absence de dialogue entre les différents acteurs de la scène politique gabonaise ».
Depuis plusieurs semaines, le Gabon est en proie à des remous sociaux et politiques grandissants. La parution récente de l’ouvrage du journaliste français Pierre Péan, accusant le président Ali Bongo d’avoir falsifié ses documents (diplômes, actes de naissance) a également suscité la polémique dans le pays.