La journée d’hier dimanche a été particulièrement tendue à Niamey où quatre-vingt-dix participants, dont des figures de l’opposition, à une manifestation contre le régime et interdite par les autorités ont été arrêtés.
La manifestation, pourtant prévue de longue date, a été interdite par le gouvernorat de Niamey après les violentes émeutes de samedi contre Charlie Hebdo qui ont fait dix morts dans le pays. Malgré cette opposition de manifester, environ 300 personnes se sont rassemblées place Toumo à Niamey. Ce qui a généré des heurts entre manifestants et policiers qui se sont affrontés à coups de gaz lacrymogène et de jets de pierre.
Suite à la caricature de Mohamed parue dans l’hebdomadaire français Charlie Hebdo, des émeutes ont éclaté dans le pays. A Niamey, au moins dix églises ainsi que des bars, hôtels et autres commerces appartenant à des non-musulmans ont été détruits. Dans Zinder, la deuxième ville du pays dans le sud-est, plus de 300 chrétiens se sont réfugiés dans deux camps militaires. Les violences ont fait dix morts au total, cinq dans chacune de ces deux villes.
Cette situation attise un peu plus les inquiétudes de la communauté internationale, la France en particulier dont la Niger est un allié traditionnel et partenaire clé dans l’extraction d’uranium. Avec un corps social particulièrement affaibli dans un contexte politique lui-même fragilisé,son extrême pauvreté, sa démographie galopante et son taux d’analphabétisme record, le Niger est perçu comme un maillon faible. Ce statut est encore aggravé par le fait que le pays est situé dans une région carrefour de menaces dont la principale est islamiste entre les mouvements djihadistes dans le sud-libyen et au Mali voisins et dans le sud-est avec la dangereuse proximité du groupe islamiste Boko Haram.