Une longue campagne de déminage permet de dépolluer le Mozambique des anciennes mines, qui ont tué 11.000 civils. Cette opération touche à sa fin et des milliers d’engins explosifs ont été retirés.
Dix ans de guerre d’indépendance (1965-1975) et cinq autres de guerre civile (1977-1992) ont propulsé le Mozambique sur le podium des pays les plus minés au monde. En 1998, la Commission nationale de déminage estimait qu’environ 500.000 mines étaient éparpillées partout au Mozambique.
Dix ans plus tard, la pollution s’avérait trois fois plus importante : 500 nouvelles zones minées avaient été identifiées. «C’est à cette époque que nous nous sommes mis au déminage», explique Gilles Delecourt, directeur de l’Action contre les mines à Handicap International, une ONG française présente au Mozambique depuis 1988, et qui s’était lancée dix an après, dans la dépollution, une mission jusqu’alors réservée aux unités militaires et à quelques entreprises spécialisées.
Handicap International vient de terminer sa mission de déminage: « Dix-sept ans de travail, presqu’autant de millions de mètres carrés dépollués et 700.000 habitants qui vivent désormais sans risques », résume Gilles Delecourt.
En dix-sept ans, les défis n’ont pas manqué. Trouver des spécialistes du déminage parmi les anciens militaires. Inventer des procédés bon marché mais sûrs pour dépolluer. Trouver des moyens de détecter rapidement les obus, mines et autres munitions non-explosées en mobilisant des rats démineurs comme l’ONG Apopo, ou des chiens comme Handicap International. «À la fin, c’est quand même le démineur qui intervient», rappelle Gilles Delecourt, qui ajoute que le plus grand défi reste «la mobilisation des bailleurs de fonds».
Certes, la dépollution du Mozambique était urgente à l’instar du Laos, l’Irak, l’Angola ou l’Afghanistan. Et ces opérations, longues et périlleuses, sont extrêmement coûteuses. «Au milieu des années 2000, on a perçu une essoufflement des bailleurs de fonds et il a fallu redoubler d’efforts» pour trouver de nouveaux fonds et parvenir à faire du Mozambique un pays « libre de mines ». Pour Handicap International, le budget mozambicain évoluait entre deux et trois millions de dollars par an.