Un des principaux partis de l’opposition gambienne a promis de lutter contre un projet du gouvernement d’allonger la liste des délits passibles de la peine de mort pour y inclure tout crime considéré comme suffisamment grave par le Parlement.
Ce petit pays ouest-africain applique actuellement la peine capitale uniquement aux personnes reconnues coupables d’avoir causé la mort de manière violente ou en administrant des substances toxiques. Le gouvernement a annoncé en juin qu’il organiserait un référendum sur une réforme de la Constitution afin d’autoriser des exécutions à chaque fois que « la peine est prescrite par la loi ».
« Cela signifie que le gouvernement sera en mesure d’imposer la peine de mort dans tous les cas où il le jugera opportun en faisant passer un projet de loi à l’Assemblée nationale », a déclaré Halifa Sallah, un des leaders de l’opposition.
Il a ajouté que son parti, l’Organisation démocratique du peuple pour l’indépendance et le socialisme, fera « tout ce qui est en son pouvoir » pour faire voter « non » au référendum, dont la date reste encore à déterminer. Tous les Gambiens de plus de 18 ans pourront y participer et il faudra 75¨% de « oui » sur un taux de participation d’au moins 50% pour que le résultat de la consultation soit valide.
La législation sera modifiée dans un délai de neuf mois maximum si le « oui » passe, selon Sallah. Il n’existe aucune statistique officielle sur la criminalité dans le plus petit pays du continent africain, enclavé dans le Sénégal à l’exception d’une étroite bande de terre sur la côte atlantique, qui compte une population d’à peine 1,7 million d’habitants.
Le président Yahya Jammeh avait annoncé en août 2012 que tous les prisonniers condamnés à mort seraient exécutés d’ici la mi-septembre prochain et, une semaine plus tard, un premier groupe de neuf détenus était fusillé par un peloton d’exécution. Les meurtres avaient provoqué l’indignation internationale, particulièrement celle du Sénégal, dont deux ressortissants figuraient parmi les personnes mises à mort.
Les groupes de défense des droits de l’homme estiment qu’une trentaine d’autres détenus risquent d’être fusillés, mais aucune exécution n’a été annoncée depuis. Le président Jammeh, officier et ancien lutteur, dirige la Gambie d’une main de fer depuis qu’il s’est emparé du pouvoir par un coup d’État sans effusion de sang, en 1994.