Le procès de l’ancien dictateur tchadien Hussein Habré débutera le 20 juillet 2015, près de 25 ans après son renversement par un coup d’État, devant une juridiction spécialement créée au Sénégal.
Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. En prévision du procès, Human Rights Watch (HRW) a diffusé une nouvelle vidéo intitulée « Face à la justice : des victimes mènent Hussein Habré à la barre ».
Habré sera jugé par les Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises. Ces Chambres ont été inaugurées par le Sénégal et l’Union africaine en février 2013 afin de poursuivre « le ou les principaux responsables » des crimes internationaux commis au Tchad entre 1982 et 1990, période pendant laquelle Habré a dirigé ce pays. Le président de la Chambre d’Assises, Gberdao Gustave Kam du Burkina Faso, siègera [avec] aux côtés de deux juges expérimentés sénégalais.
Habré est accusé de dizaines de milliers d’assassinats politiques et de torture systématique sous son régime entre 1982 et 1990. Avec le procès de Hussein Habré, pour la première fois, les tribunaux d’un État vont juger l’ancien dirigeant d’un autre Etat pour des supposées violations des droits humains. Le 25 mars 2015, un tribunal au Tchad a condamné 20 anciens agents de l’appareil répressif du régime de Hussein Habré pour actes de torture et meurtres.
« Le procès de Hussein Habré montre qu’il est possible pour des victimes, avec persévérance et volonté, de traduire un dictateur en justice, » a déclaré Reed Brody, conseiller juridique à HRW, qui travaille avec les survivants depuis 1999. « Ce cas est un signal d’alarme aux tyrans leur rappelant que s’ils commettent des atrocités, ils ne seront jamais hors de portée de leurs victimes ».
Une étape clé dans la construction du dossier contre lui a été la découverte par Human Rights Watch des archives de la police politique de Hussein Habré (la « DDS ») qui rendent compte de façon détaillée des atrocités commises contre les prisonniers.