Un important chef rebelle au Soudan du Sud qui rejette les discussions de paix en cours et s’est dit être en guerre contre les deux dirigeants du pays, a annoncé sa scission du mouvement dirigé par l’ancien vice-président Riek Machar qui dispute depuis décembre 2013, le pouvoir au président Salva Kiir.
Tous deux, Machar et Kiir « symbolisent la haine, la division et l’incapacité à diriger », a déclaré Gatkuoth, ancien responsable logistique de la rébellion, limogé en juillet par Machar, en compagnie de Peter Gadet – chef de guerre frappé début juillet par des sanctions de l’ONU, avec qui il a fait dissidence.
Il a estimé que Kiir et Machar étaient « tous deux responsables de la crise » actuelle, née en décembre 2013 de combats au sein de l’armée sud-soudanaise, minée par les antagonismes politico-ethniques qui sont alimentés par la rivalité entre Kiir et Machar au sein du parti au pouvoir.
Cette scission risque de compliquer davantage la mise en œuvre d’une solution politique à 19 mois de guerre civile, marquée par des atrocités de la part des deux camps, alors que des pourparlers de paix – jusqu’ici stériles – ont repris début août à Addis Abeba, sur fonds de pression internationale pour que les camps Kiir et Machar trouvent un accord de réconciliation d’ici au 17 août.
« Le sujet de ces pourparlers c’est la quête de postes par Riek Machar, ce n’est pas cette paix que nous voulons », a déclaré Gatkuoth prévenant que « tout accord de paix signé sera illégitime et ne sera pas respecté ».
Outre l’armée gouvernementale loyale à Salva Kiir et les militaires mutins fidèles à Machar, une vingtaine de milices tribales participent aux combats au côté de l’un ou l’autre camp, avec un degré variable d’autonomie.
Il est difficile d’évaluer le nombre d’hommes sous le commandement de Gathkuoth et Gadet, mais les deux hommes sont depuis longtemps des chefs militaires puissants sur le terrain et leur dissidence, outre qu’elle risque de compliquer les discussions, pourrait également affaiblir la position de Machar à AddisAbeba.
Peter Gadet est un chef de milice redouté de l’Etat septentrional d’Unité, qui a combattu Khartoum durant la guerre civile soudanaise (1983-2005) avant d’affronter ensuite ses anciens alliés de la rébellion sudiste de la SPLA, parvenus au pouvoir à Juba lorsque le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011. Il avait signé un armistice avec Juba en juillet 2011 avant de s’allier à Machar lorsque l’actuel conflit a éclaté en décembre 2013.