Le président sud-soudanais Salva Kiir signera mercredi à Juba l’accord censé mettre fin à 20 mois de guerre civile au Soudan du Sud, un accord signé le 17 août à Addis Abeba par les rebelles mais qu’il avait refusé de valider, a annoncé ce mardi son porte-parole.
« Les présidents kényan Uhuru Kenyatta, ougandais Yoweri Museveni et soudanais Omar el-Béchir, ainsi que le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn se rendront à Juba demain matin pour un Sommet d’une journée et le président du Soudan du Sud signera l’accord de paix », avait annoncé mardi Ateny Wek, porte-parole de Salva Kiir.
Le gouvernement a des réserves mais le président va signer, a insisté M. Ateny.
Parmi les inquiétudes du gouvernement, figurent les dispositions de l’accord prévoyant la démilitarisation de Juba et la large représentation des rebelles dans le cadre du partage du pouvoir local dans l’Etat pétrolier du Haut-Nil, a précisé M. Ateny.
L’Igad, l’organisation sous-régionale qui a assuré la médiation dans les pourparlers sud-soudanais à Addis Abeba, a confirmé la présence du président Kiir à la cérémonie de signature mercredi à Juba.
Le chef des rebelles, et ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar, qui avait signé l’accord le 17 août à Addis, ne sera pas présent mercredi à Juba pour la cérémonie pour des raisons de sécurité, selon l’Igad qui regroupe Djibouti, l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud.
Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011 après 30 ans de conflit contre Khartoum. Il a replongé dans la guerre en décembre 2013, quand des combats ont éclaté au sein de l’armée sud-soudanaise, infestée par les dissensions politico-ethniques qui ont été alimentées par la rivalité entre MM. Kiir et Machar, à la tête du régime.
Excédée par plus de 18 mois de négociations stériles à Addis Abeba, n’ayant accouché que d’une série de cessez-le-feu jamais respectés, la communauté internationale avait donné jusqu’au 17 août à MM. Kiir et Machar pour conclure un accord, sous peine de sanctions ciblées.
Mais M. Kiir avait réclamé un délai de 15 jours pour mener des consultations dans son pays. A son retour d’Addis Abeba, le négociateur en chef du gouvernement Michael Makuei avait qualifié l’accord de capitulation inacceptable.
Après le refus de M. Kiir de signer l’accord, Washington et Londres avaient immédiatement appelé l’ONU à prendre des sanctions contre ceux qui s’opposent à la paix.
Le conflit, marqué par des massacres et des atrocités contre les civils, a fait des dizaines de milliers de morts selon les observateurs. P plus de 2,2 millions de Sud-Soudanais ont été chassés de chez eux, selon l’ONU qui met en garde contre les menaces de famine.
Mardi soir, le Conseil de sécurité des Nations unies a affirmé qu’il agirait immédiatement si l’accord de paix pour le Soudan du Sud n’était pas signé par le président Salva Kiir.