L’opposition guinéenne qui accuse le pouvoir de ne pas respecter un accord signé en août visant à garantir les conditions d’une élection présidentielle juste, transparente et acceptée par tous, a menacé de boycotter l’élection présidentielle du 11 octobre.
« Nous n’avons pas à donner de conseils stratégiques à l’opposition mais je suis convaincu que personne ne comprendrait que l’opposition boycotte l’élection à ce stade du processus et malgré l’implication de la communauté internationale», a affirmé mardi, Albert Damantang Camara, le porte-parole du gouvernement, dans une première réaction aux menaces de l’opposition.
Camara a par ailleurs qualifié de « très clair et très encourageant» le bilan dressé par une mission conjointe de l’ONU, de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui s’est achevée lundi soir.
En effet, dans un communiqué, ces quatre organisations ont noté les avancées significatives dans la mise en œuvre de l’Accord du 20 août, mentionnant la recomposition des délégations spéciales ainsi que des progrès dans la révision du fichier électoral.
Mohamed Ibn Chambas, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, avait assuré devant la presse que le problème de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est réglé, en référence à la représentation de l’opposition au sein de cette Commission et des délégations spéciales.
Cependant, Cellou Dalein Diallo, le chef de l’opposition, a émis des doutes sur le fait que les conditions d’un scrutin équitable et transparent soient réunies, estimant que le président Alpha Condé fixe toutes les décisions avec Bakary Fofana (président de la Ceni, NDLR) de manière unilatérale, sans concertation et en violation flagrante des dispositions de la loi.
Le porte-parole de l’opposition Aboubacar Sylla a quant à lui accusé lundi la Céni de ne pas donner accès aux informations techniques jugées nécessaires à la révision des listes électorales contestées par les adversaires d’Alpha Condé. Il dénonce l’inscription de mineurs sur la liste électorale dans les régions favorables au pouvoir.
« L’opposition ne va pas entériner une situation qui va l’amener à des élections dont les résultats sont programmés d’avance et qui vont permettre à Alpha Condé de se succéder à lui-même en dehors du suffrage exprimé par les Guinéens », a prévenu Sylla qui n’exclue pas la possibilité pour l’opposition de s’exprimer par des manifestations.
Les deux précédentes élections en Guinée, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, ont été émaillées de violences et d’accusations de fraude.