L’opposition en Guinée a réclamé ce jeudi le report au moins pour une semaine du premier tour de l’élection présidentielle prévu le 11 octobre, en raisons de problèmes absolument sérieux qui selon elle risquent d’entacher le scrutin.
Nous demandons le report de l’élection, au moins pour une semaine, a déclaré lors d’une conférence de presse Aboubacar Sylla, porte-parole de l’opposition, à l’issue d’une réunion sur l’état des préparatifs du scrutin.
M Sylla a affirmé s’exprimer au nom de tous les candidats (sept au total) qui affronteront le président sortant Alpha Condé, élu en novembre 2010, et qui brigue un second mandat.
« On s’est rendu compte qu’il y a des problèmes absolument sérieux qui, s’ils n’étaient pas résolus assez rapidement, compromettraient la qualité, la transparence et la crédibilité du scrutin du 11 octobre et pourraient même amener les candidats de l’opposition à se retirer du processus électoral », a affirmé M. Sylla.
Les adversaires du président Condé ont donc conclu de demander le report du scrutin de quelques jours, « bien entendu en restant dans les délais légaux », a-t-il dit, en présence de représentants des sept candidats.
Selon la Constitution du pays, l’élection présidentielle doit se tenir au plus tard deux mois avant l’expiration du mandat en cours, soit le 20 décembre prochain. Les disposition légales prévoient qu’elle se tienne un dimanche.
« L’idée est que le scrutin puisse être organisé au plus tard le 20 octobre, nouveau délai qui permettrait à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de corriger toutes les anomalies et les irrégularités constatées au niveau du fichier électoral mais aussi dans l’édition des cartes d’électeur », a expliqué M. Sylla.
Le fichier électoral n’a pas été complètement corrigé, a-t-il indiqué, évoquant également de nombreuses omissions ou inexactitudes, selon lui, sur les cartes d’électeur en cours de distribution.
En outre, certains électeurs habitent à 15 ou 20 km de leur bureau de vote, sans compter que la Céni, dans le souci de faire vite, a décidé de solliciter les services d’imprimeurs privés pour l’émission des cartes électorales susceptibles de ne pas respecter leurs cahiers des charges, a ajouté M. Sylla.
Le chef de la mission d’observation de l’Union européenne (MOE UE), Frank Engel, a reconnu mardi dernier qu’il serait vain de vouloir nier que le fichier électoral en Guinée n’était pas rigoureusement parfait.
« La confection d’un fichier pour chaque échéance électorale est une procédure compliquée, onéreuse, coûteuse et à la fin du compte, il serait bon – c’est une recommandation que nous allons faire sans doute aux autorités guinéennes à l’issue de cette mission – que le pays se dote d’un registre d’état-civil complet, fiable et permanent », a-t-il souligné.
L’opposition, accusant le pouvoir de ne pas respecter un accord signé en août, a agité peu après l’ouverture de la campagne électorale le 10 septembre la menace d’un boycott de la présidentielle.
Les deux précédents scrutins en Guinée, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, ont été émaillés de violences et d’accusations de fraude.