Bujumbura, la capitale du Burundi a connu, ce samedi, une nouvelle flambée de violences, marquée par des affrontements entre des opposants au président Pierre Nkurunziza et la police qui ont déjà fait une quinzaine de morts parmi les civils.
Les violences ont débuté dans la matinée du samedi lorsque des policiers ont voulu arrêter des jeunes à Mutakura, un quartier dans le nord de Bujumbura. Selon des témoins, ces arrestations ont été extrêmement brutales.
D’autres jeunes qui protestaient contre ces interpellations se sont interposés. Des grenades et des tirs de kalachnikov sont alors partis de part et d’autre. Ces affrontements se sont étendus à d’autres quartiers nord de la capitale burundaise, vers Cibitoke et une partie de Kamenge et de Ngagara.
Entre samedi et dimanche matin, une quinzaine de civils ont été retrouvés morts dans les rues de la ville. Selon des témoins, ils auraient été tués par des balles tirées dans la tête.
« C’était cauchemardesque. Toute la journée, on a entendu des explosions de grenades et des crépitements d’armes automatiques », a expliqué un habitant de Ngagara.
Toujours selon des témoins, la police a détruit deux maisons à la roquette à Mutakura et procédé à des dizaines d’arrestations, essentiellement à Mutakura et Cibitoke, l’un des quartiers au cœur des manifestations contre le troisième mandat du président
Ces violences se sont produites seulement quelques jours après que le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, ZeidRa’ad Al Hussein, a dénoncé l’augmentation du nombre d’arrestations, de détentions et de meurtres au Burundi.
Dans un communiqué publié le 28 septembre, il notait : « Presque chaque jour, des corps sans vie sont retrouvés dans les rues de certains quartiers de Bujumbura. Dans de nombreux cas, les victimes semblent avoir été tuées par des balles tirées à bout portant. Leurs corps portent parfois des traces de torture et sont souvent retrouvés les mains liées dans le dos. » Il ajoutait que « nombre de ces personnes avaient été arrêtées par la police ou par le Service national de renseignement (SNR) avant leur mort ».
Selon le haut commissaire, depuis le mois d’avril (date de début des contestations contre la volonté du président burundais du briguer un troisième mandat), il y aurait eu 134 meurtres dans le pays.
Mais aussi des centaines d’arrestations et de détentions arbitraires, dont 704 arrestations depuis début septembre.