Le futur ex-gouverneur du Katanga qui a quitté le parti présidentiel, affiche clairement ses intentions de défier le président Joseph Kabila qui de son côté, ne cache pas sa détermination de l’attendre au tournant.
Au moment où le premier round de la campagne présidentielle congolaise ne fait que commencer Moïse, un poids lourd de la scène politique congolaise est monté sur le ring. Le 29 septembre, le gouverneur du Katanga, 50 ans, a claqué la porte du parti du président Joseph Kabila, mettant ainsi fin à une collaboration de plus de dix ans avec le chef de l’État, sans retenir ses coups.
« Tout est mis en œuvre pour ne pas respecter la Constitution », accuse-t-il, avant de dénoncer « le recul généralisé des libertés individuelles » et les « dérives inacceptables » du pouvoir.
« La guerre est déclarée, dans tous les sens du terme », réagissait un ministre influent au lendemain de l’annonce de Moïse.
Hormis la brutalité de ses termes, l’annonce n’a pas vraiment surpris. Depuis plus d’un an, les deux hommes se jaugent du coin de l’œil. Le premier geste de défi est venu de Katumbi, fin 2014, lorsqu’il a clairement signifié, en privé comme en public, qu’il ne suivrait pas Kabila dans une aventure extraconstitutionnelle. Selon la loi fondamentale en vigueur, le président accomplit en effet son dernier mandat, et celui-ci s’achève à la fin de 2016. Or il n’a jamais fait part, publiquement, de son intention de quitter le pouvoir…
La réaction de Kabila au défi lancé par Katumbi a été à son image : discrète et matoise. En janvier dernier, le gouvernement a d’abord ressorti de sa poche le projet de découpage des provinces. Celui-ci prévoit notamment la division du Katanga en quatre entités. Avec, pour conséquence, la disparition de la base politique de Katumbi. Bien que prévue de longue date, cette réforme a été mal préparée. Si bien que Kinshasa a finalement décidé que les nouveaux gouverneurs ne seraient plus élus, mais nommés.
Outre son poste, Katumbi perdra donc toute influence sur les nouvelles entités, où il aurait pu placer ses hommes. Ultime étape : l’introduction, au Parlement, d’une loi ouvrant la voie à des référendums et donc, comme certains le pensent, à une modification de la Constitution.