Des tirs, des menaces et intimidations ont marqué le référendum constitutionnel qui s’est tenu ce dimanche en Centrafrique, où les électeurs étaient appelés aux urnes pour se prononcer sur le projet de la nouvelle Constitution, première étape du retour à la normal dans un pays en proie à des violences communautaires.
On déplore deux morts dans l’enclave musulmane de Bangui au cours de cette première étape d’un processus électoral censé sortir le pays d’affrontements. Des tirs à l’arme lourde ont frappé en milieu de journée le quartier musulman du PK5, ou partisans et opposants au référendum s’affrontaient.
De sources hospitalières, une vingtaine d’habitants ont également été blessés au cours de ces affrontements qui ont débuté dès l’aube, et qui se sont intensifiés en milieu de journée avec des tirs à l’arme lourde aux abords d’un bureau de vote situé dans une école.
Les tirs à la mitrailleuse et au lance-roquettes ont eu lieu autour de l’école Baya Dombia où attendaient beaucoup d’électeurs, au moment de l’arrivée tardive du matériel électoral transporté par les Casques bleus sénégalais de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) qui ont riposté pour protéger les électeurs.
« On est là, on reste avec eux sur le champ de bataille. Ils (les habitants du PK5) pourront voter, ils voteront jusqu’à la nuit s’il le faut », a déclaré le général sénégalais Balla Keïta, chef de la Minusca.
La participation au processus électoral divise au sein de l’ex-rébellion Séléka et au sein des milices anti-balaka. Chez les ex-Séléka, certaines factions, comme celle de l’ex-numéro 2 Noureddine Adam, rejettent le processus électoral.
De même, la participation au processus électoral divise les milices anti-balaka, chrétiennes et animistes. Des opposants se retrouvent parmi les partisans de l’ex-président François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par la Cour constitutionnelle.
Les opérations de vote ont cependant pu avoir lieu dans le calme dans les autres quartiers de Bangui.
Le représentant des Nations unies à Bangui, Parfait Onanga-Anyanga, a salué le « courage » des Centrafricains « qui ont bravé toutes les peurs et les menaces » pour aller voter. « Les Centrafricains ont marqué un pas historique dans leur marche vers plus de démocratie dans leur pays », a déclaré aux médias le diplomate, qui s’est rendu dans le bureau de vote du PK5 visé par des tirs de roquettes.