Le second tour de la présidentielle au Niger prévu pour le 20 mars prochain ; opposera pour la première fois, l’opposant Hama Amadou, toujours détenu dans sa prison de Filingué, à 180 km au nord de Niamey, au président sortant, Mahamadou Issoufou.
Sur le terrain, la campagne pour le second tour bat son plein depuis samedi, au lendemain de la proclamation des résultats du premier tour, qui étaient attendus dans un climat très tendu, depuis près d’une semaine.
Selon les résultats publiés, le président sortant, Issoufou Mahamadou obtient 48,41 % des suffrages devant ses rivaux, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, crédité de 17,8 %, et l’ex-Premier ministre, Seyni Oumarou, qui obtenu a 12 % des voix. Pendant cinq jours, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a égrené les chiffres, au compte-gouttes, créant une frustration parmi les opposants qui ont sitôt dénoncé des fraudes massives du parti au pouvoir.
Le deuxième tour s’annonce inédit et atypique avec deux hommes qui étaient alliés en 2011, dont le candidat Hama Amadou est toujours incarcéré dans le cadre d’une affaire controversée de trafic de bébés et obligé de faire campagne depuis sa cellule dans la prison de Filingué.
Issoufou Mahamadou, 63 ans, qui brigue un second quinquennat, est « en ballottage extrêmement favorable », selon le ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou.
« On est un peu déçus de ne pas passer dès le premier tour sur le plan personnel, mais sur le plan politique le travail est fait », a-t-il dit, précisant qu’il ne manquait au président Issoufou que 170.000 voix sur un total de 4,83 millions de suffrages exprimés pour passer au premier tour comme il en avait fait le pari. « Cela démontre que nous sommes une véritable démocratie », a estimé la ministre des Affaires étrangères, Aïchatou Kané Boulama.
« On n’a pas influencé le vote comme nous en accuse l’opposition, et cela va conforter notre image de démocratie au Niger et à l’étranger» assure Aïchatou Kané, ajoutant que le président « se repose sur son bilan », et le vote largement favorable à Issoufou à Diffa (Sud-Est), la zone victime d’attaques des islamistes nigérians de Boko Haram. « Cela prouve que les Nigériens plébiscitent la politique du président qui a rétabli la sécurité dans le pays », a-t-elle affirmé.
Quinze candidats étaient en lice pour un pays qui compte 18 millions d’habitants. Derrière les deux postulants à la victoire finale, l’ancien Premier ministre, Seini Oumarou a obtenu 12,11 % des suffrages et l’ancien président, Mahamane Ousmane 6,25 %. Si on ajoute Amadou Boubacar Cissé (1,48 %), les grands opposants qui ont promis de s’unir pour le second tour, ne pèsent pas plus de 40 %. Un des arbitres pourrait être la surprise du scrutin, Ibrahim Yacouba (4,34 %), exclu du parti du président Issoufou il y a quelques mois, mais qui ne fait pas partie de la coalition de l’opposition COPA 2016.