Dans un rapport de son groupe d’experts, l’Onu accuse les Forces Nouvelles, l’ex-rébellion ivoirienne dirigée par Guillaume Soro, actuel président de l’Assemblée nationale, d’avoir acheté, en violation d’un embargo sur les armes, des « quantités importantes d’armes» au lendemain de la crise postélectorale de 2010-2011.
« Le Groupe a constaté l’acquisition par les Forces nouvelles de quantités importantes d’armes et de munitions au lendemain de la crise postélectorale. Guillaume Soro s’était lui-même chargé de l’acquisition du matériel, de son transport jusqu’à Bouaké et Korhogoet de sa répartition entre membres des Forces nouvelles », affirme le rapport, adressé le 15 mars au président du Conseil desécurité de l’ONU.
Guillaume Soro était le chef de la rébellion des Forces nouvelles qui avait tenté le 19 septembre 2002, de faire tomber le régime de Laurent Gbagbo après moins de deux ans d’exercice du pouvoir.
La crise née de cette rébellion armée a connu son épilogue avec l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara et l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo en avril 2011 qui refusait de reconnaître la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.
Pour ces experts onusiens, « la présence de stocks d’armes et de matériel non déclarés en Côte d’Ivoire représente une menace potentielle pour le processus de paix et crée un risque de commerce illégal et de détournement des armes et des munitions vers des utilisateurs non voulus, en particulier dans la sous-région ».
Dans le texte de ce rapport, le groupe révèle que « l’unité de protection rapprochée du Président de l’Assemblée nationale est équipée officiellement de 225 armes » dont « les numéros de série et/ou les marques d’usine sont effacés de manière délibérée afin d’empêcher d’en déterminer l’origine et le fournisseur en cas de violation impliquant ces armes ».
Selon ces experts, de lourds soupçons pèsent également sur le Burkina Faso qui aurait caché ces armes, à l’époque où il était dirigé par Blaise Compaoré, un des principaux alliés et soutiens d’Alassane Ouattara.
En effet « Entre avril et août 2011, le Burkina Faso a importé d’importantes quantités de matériel militaire en provenance d’Albanie et de Bulgarie, pour un montant total de 3,5 millions de dollars ». Et à Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire, le Groupe a observé du matériel albanais et bulgare correspondant aux quantités livrées au Burkina Faso précise le rapport.
« Les numéros de série et de lot de ce matériel sont identiques à ceux du matériel livré par la Bulgarie. Le Groupe considère par conséquent que le matériel susmentionné est entré sur le territoire ivoirien en violation de l’embargo » selon les experts.
« Le territoire burkinabé a été une source d’approvisionnement durant la crise postélectorale et les mois qui ont suivi, puisqu’on y trouve des armes, des munitions, du matériel connexe et même des instructeurs », précisent-ils.