Réfugié aux Etats-Unis après les derniers jeux olympiques de Rio d’août dernier, l’athlète éthiopien Feyisa Lilesa, vient de briser le silence, en tenant une conférence de presse pour se prononcer sur la situation dans son pays d’origine, l’Ethiopie. Selon lui, une «tragédie plane» sur sa terre patrie.
Le coureur de fond, médaillé d’argent du marathon Rio 2016, prédit une guerre ethnique en Ethiopie si la communauté internationale ne réagit pas. «Personnellement, j’ai extrêmement peur que cela prenne une dimension ethnique. Vous pourriez voir un scénario comme au Rwanda, où les groupes ethniques se dressent les uns contre les autres», a prévenu Feyisa Lilesa lors d’une rencontre avec la presse américaine.
Il accuse le gouvernement de son pays d’avoir ouvert le feu sur des manifestants pacifiques défendant leurs droits. Plus d’un millier de personnes ont trouvé la mort selon lui, dans des manifestations pacifiques. «D’autres ont été poussées à l’exil ou ont été massacrées dans le désert Libyen», ajoute-t-il. Et d’inviter la communauté internationale à agir afin que les droits de l’homme soient respectés en Ethiopie.
L’Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis une décennie, qui a commencé dans le centre-ouest, fief de l’ethnie Oromo au mois de novembre et qui s’est progressivement étendu à la région nord où vivent les Amhara.
Ces deux ethnies représentent environ 60% de la population éthiopienne. Elles contestent de plus en plus ouvertement ce qu’elles perçoivent comme une domination sans partage des Tigréens, une ethnie minoritaire du nord de l’Ethiopie.
En août dernier, Feyisa Lilesa a surpris le monde de l’athlétisme en croisant les poignets juste après avoir remporté sa médaille d’argent à Rio. Il avait déclaré «craindre» pour sa sécurité une fois revenu dans son pays, et a préféré demander asile aux USA.