La plus ancienne ligue burundaise des droits de l’homme, ITEKA, a été « définitivement radiée » de la liste des Associations Sans But Lucratif (ASBL) locales, autorisées à travailler au Burundi, selon une ordonnance ministérielle rendue publique ce mardi.
Le ministre burundais de l’Intérieur et de la Formation Patriotique, Pascal Barandagiye, accuse cette association d’être « récidiviste dans son action de ternir l’image de marque du pays et à semer la haine et la division de la population burundaise ».
Iteka, agréée depuis 1991, était suspendue d’activités depuis le début de la crise déclenchée par la décision en avril 2015, du président Pierre Nkurunziza de se représenter pour un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet de la même année.
Mais les autorités ont décidé de la dissoudre, en rétorsion à la publication en novembre d’un rapport coécrit avec la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), qu’elle représente au Burundi, qui faisait le point sur la répression gouvernementale et les violations massives des droits de l’homme.
Le 10 octobre dernier, le ministre Barandagiye avait pris une décision portant « suspension provisoire » de cinq ASBL burundaises, dont la ligue ITEKA, après avoir reproché à leurs activités, de « ne pas être en conformité avec leurs objectifs consignés dans leurs statuts, mais d’être plutôt de nature à perturber l’ordre et la sûreté de l’Etat ».
« Nous ne sommes pas surpris par cette décision… Elle vient confirmer que le pouvoir burundais continue de tout mettre en œuvre pour que ses graves violations des droits humains ne soient plus reportées et pour échapper à l’attention de la communauté internationale », a réagi le président d’Iteka, Anschaire Nikoyagize, qui vit aujourd’hui en exil.