Le gouvernement de Kinshasa a opposé ce lundi, une fin de non-recevoir aux demandes des Nations Unies, des Etats Unis d’Amérique et de la France, qui souhaitaient que le pays ouvre une enquête, pour faire la lumière sur de supposées exactions de l’armée congolaises, dont des vidéos publiées ce week-end, montraient des soldats en train de tirer à bout portant, sur des civils non armés.
«Face à des images d’amateurs anonymes, il n’appartient pas au gouvernement de prouver l’innocence des Forces armées de la RDC (FARDC)… mais plutôt aux accusateurs, jusque-là inconnus, de prouver ces faits afin que tous les éléments incriminés en répondent conformément à la loi», s’est justifié Kinshasa, dans un communiqué publié ce lundi.
Déjà le week-end, Kinshasa avait qualifié la première vidéo de «montage grossier», avant de reconnaître que certains de ses soldats avaient pu commettre des «excès» en réprimant la rébellion Kamwina Nsapu et d’annoncer que deux d’entre eux, un officier et un sous-officier, étaient poursuivis par la justice militaire.
Ce lundi, la France avait exhorté « les autorités congolaises à faire au plus vite, la lumière sur ces agissements inacceptables et à identifier les responsables, qui devront répondre de leurs actes ». Même son de cloche à l’ONU, où le Haut-commissaire aux droits de l’Homme a demandé à enquêter « sur ce qui apparaît comme un usage excessif et disproportionné de la force ».
Des appels à la vérité, auxquels s’ajoutent les voix de Washington, mais auxquels le régime de Joseph Kabila n’entend pas céder, s’estimant être «trop régulièrement» visé par des «rumeurs malveillantes».
Les vidéos en question, à en juger par leur qualité, semblent avoir été tournées avec un téléphone portable, par un membre d’une unité militaire de huit soldats en treillis, parlant lingala (langue officielle de l’armée congolaise) et swahili (langue parlée dans l’Est de la RDC).
L’une des vidéos montre le détachement militaire ouvrir un feu nourri sur un groupe chantant en tshiluba (langue parlée au Kasaï), à quelques dizaines de mètres. Les hommes en uniforme achèvent ensuite leurs victimes, parmi lesquelles trois femmes, et insultent les cadavres. Sur la vidéo, on peut compter près d’une vingtaine de civils.