Sept des 17 étudiants togolais arrêtés la semaine dernière suite à des heurts sur le campus universitaire de Lomé, la capitale, ont été libérés ce lundi pour «manque de preuves», à l’issue d’une audience publique sous haute tension, au tribunal de première instance de Lomé.
Les huit étudiants sont accusés de trouble à l’ordre publique à l’Université de Lomé, et d’avoir détruit un véhicule des forces de l’ordre, et un véhicule privé, lors des manifestations estudiantines violemment réprimées la semaine dernière. Ils avaient été écroués puis déférés à la prison civile de Lomé, où ils séjournaient jusqu’à leur procès ce lundi.
Selon le président du tribunal de Lomé, le procureur de la République n’a pas pu apporter les preuves matérielles de la culpabilité des prévenus. «Sur l’action publique, constate qu’il y a un doute sur la culpabilité des prévenus. En conséquence, les déclare non coupables des faits à eux reprochés et les relaxe au bénéfice du doute», a décidé le tribunal.
Dans un tribunal où la tension était très palpable, cette décision a été saluée par la défense. En effet, le monde estudiantin s’était fortement mobilisé ce lundi, pour assister au procès de leurs camarades, et mettre la pression pour obtenir leur libération. Et pendant que l’audience se déroulait, des courses-poursuites entre étudiants et forces de l’ordre qui quadrillaient le périmètre du tribunal, ont été signalées, avec des jets de gaz lacrymogènes par endroits.
Un «procès honteux», selon certains, qui met à nu la sombre volonté des autorités du pays, «de faire du mal à ces jeunes, qui ne faisaient que réclamer ce qui leur revient de droit, à l’Université de Lomé». «Nous avons l’habitude de ces procès, au départ montés de toutes pièces. Même s’il n’y a pas de preuve de culpabilité, on aboutit parfois à la fin à des condamnations», a commenté à la fin du verdict du tribunal, l’un des avocats de la défense, Me Dodji Apévon.
Le sort du président de la Ligue togolaise des droits des étudiants (LTDE), Foly Satchivi, a été reporté au 26 juin prochain. Ce dernier, dont la libération est réclamée à la fois par les étudiants et des organisations de la société civile, n’a pas comparu ce lundi. Des informations indiquent qu’il serait sous soins médicaux.
Le campus universitaire de Lomé est le théâtre depuis la semaine dernière de heurts entre étudiants et forces de l’ordre, dépêchés sur les lieux pour disperser une Assemblée Générale d’informations des étudiants. En fin de semaine dernière, une vidéo avait même fait le tour des réseaux sociaux, sur laquelle on voit des gendarmes togolais molester de jeunes étudiants sans défense.