L’opposant kenyan Raila Odinga, vaincu à la présidentielle du 8 août dernier par le président sortant, Uhuru Kenyatta, a finalement décidé de s’en remettre à la cour constitutionnelle du pays, pour contester les résultats du scrutin.
A la proclamation des résultats définitifs, le 12 août dernier, des partisans de l’opposition avaient pris d’assaut les rues de la capitale, Nairobi, pour dénoncer des fraudes, évoquées par leur leader qui maintient que le système informatique de la commission électorale avait été piraté.
« Nous avons décidé de saisir la Cour et de montrer au monde la fabrication d’un pouvoir généré par ordinateur », a déclaré M. Odinga, réitérant les accusations de fraude électronique du scrutin du 8 août.
Dimanche dernier, alors qu’il était en visite dans les banlieues de Nairobi, M. Odinga avait appelé les Kényans à observer une grève générale le lundi, en attendant qu’il annonce sa stratégie de contestation. Initialement prévu sur le mardi, l’annonce de cette stratégie, qui ne se résume finalement qu’à un recours devant la Cour constitutionnelle, n’a été faite qu’hier mercredi.
Le pays était suspendu à cette annonce, alors que des violences postélectorales ont provoqué au moins 24 morts (une centaine selon les opposants) dans les bastions de l’opposition, notamment à Kibera et Kisumu.
En 2013, M. Odinga avait déjà saisi la Cour Suprême pour contester l’élection de M. Kenyatta dès le premier tour du scrutin, mais la Cour avait finalement validé le résultat. Fort de ce précédent, la coalition d’opposition (Nasa) avait d’abord exclu de porter son contentieux en justice, malgré d’importantes pressions internationales en ce sens.
Mais, a expliqué M. Odinga, les récentes menaces de fermeture, par le gouvernement, de deux organisations susceptibles d’aller en justice ont contraint l’opposition à réviser sa position et à déposer elle-même le recours.
La cour constitutionnelle dispose de 14 jours, à compté de ce vendredi 18 août, pour se prononcer sur le contentieux électoral.