Le chef du gouvernement éthiopien, Hailemariam Desalegn a annoncé sa démission ce jeudi, alors que son pays vit depuis fin 2015, au rythme d’une crise politique et de manifestations anti-gouvernementales.
Déjà sous pression au sein de la coalition au pouvoir, Hailemariam Desalegn a indiqué dans une déclaration diffusée sur les ondes de la radio d’Etat, avoir fait tout son possible pour résoudre les problèmes de l’Ethiopie, mais que sa démission restait la meilleure solution à ces problèmes.
En poste depuis 2012, Hailemariam avait été adoubé dès 2010 comme le successeur de Meles Zenawi, l’ancien rebelle qui a régné jusqu’à sa mort sur l’Ethiopie après avoir renversé le dictateur Mengistu Hailé Mariam en 1991.
Fin 2015, malgré une passation de pouvoir sans heurts, l’Ethiopie a été le théâtre de sanglantes manifestations anti-gouvernementales, les plus importantes depuis 25 ans. Leur répression a fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l’Homme, liée au gouvernement.
Ces manifestations étaient avant tout l’expression d’une frustration des Oromo (sud et ouest) et des Amhara (nord), les deux principales ethnies du pays, face à ce qu’ils perçoivent comme une surreprésentation de la minorité des Tigréens au sein de l’EPRDF, qui règne sans partage depuis 1991, et plus largement une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses.
Il a fallu l’instauration d’un état d’urgence dans le pays en 2017, pour que le pays retrouve un peu son calme. Mais les manifestations sont encore organisées dans le pays.
La démission de Premier ministre Hailemariam a été acceptée par le Comité exécutif de la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), mais elle doit encore être approuvée par le Conseil de l’EPRDF et par le parlement, ce qui devrait n’être qu’une simple formalité.