La polygamie est désormais officiellement autorisée en Guinée, selon un nouveau Code civil récemment adopté pour l’Assemblée nationale. Le nouveau texte donne à présent le choix à l’homme entre le régime matrimonial de la monogamie et celui de la polygamie, avec un maximum de «quatre épouses par homme».
Une loi qui ne ravi pas les Associations de femmes, qui n’ont pas manqué de manifester leur mécontentement devant l’Assemblée nationale le 29 décembre dernier, lors de l’adoption de ce texte qu’elles jugent «sexiste».
Le Code civil révisé comporte plusieurs nouveautés, mais les articles 281 et 282 portant sur la polygamie ont le plus nourri les débats à l’hémicycle. La députée de la majorité, Nanfadima Magassouba, a estimé que la légalisation de la polygamie est un «recul» pour la Guinée. Comme elle, toutes les femmes parlementaires, quelle que soit leur appartenance politique, n’ont pas accordé leur vote à ce texte.
La polygamie était jusque-là interdite en Guinée, mais largement pratiquée, sans qu’aucun homme ne soit inquiété ou sanctionné. La pratique doit son succès aux pesanteurs sociales et à l’islam (religion dominante dans le pays) qui l’autorise.
Dans le pays, la nouvelle loi a été diversement appréciée. Certaines femmes la jugent utile, estimant qu’il «n’est pas bien d’être seule (épouse, ndr)». «On tombe malade, on peut voyager… Si vous êtes deux, le vide peut être comblé par une autre», pense une Guinéenne. Elle reconnaît toutefois que ce régime matrimonial peut tourner au cauchemar, si le foyer ne contrôle pas les naissances, et si l’homme ne fait pas des efforts sur le plan économique et pour l’entente entre les coépouses. Toutefois, tout n’est pas critiqué par les femmes dans le nouveau Code civil. L’autorité parentale par exemple est reconnue aux deux parents, et la femme est libre de choisir sa profession sans aucun accord préalable de son époux.