Le Soudan a rouvert ce jeudi sa frontière avec l’Erythrée dans la région de Kassale à l’est du pays, dont la fermeture avait été ordonnée par le président Omar el-Béchir il y a un an.
La fermeture de la frontière faisait suite à un état d’urgence décrété par Khartoum, dans la région mentionnée, dans le cadre d’un plan pour désarmer des gangs de trafiquants d’êtres humains accusés d’être responsables du transit de migrants depuis la Corne de l’Afrique vers l’Europe.
«La politique peut nous diviser mais ils (les Érythréens, ndr) restent nos frères et parents», a affirmé ce jeudi le président El-Béchir lors d’un rassemblement télévisé à Kassala, à proximité de la frontière érythréenne, sans expliquer les raisons de sa décision.
Le Soudan est souvent cité comme un des carrefours clés sur la route de l’Europe. En 2016, quelque «100.000 migrants, en grande majorité des Érythréens», auraient rallié l’Europe via le Soudan, selon Asfand Waqar de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
A partir du Soudan, les migrants rejoignent la Libye ou l’Egypte, d’où ils entrent en contact avec des passeurs qui les entassent sur des embarcations de fortune avant une périlleuse traversée en mer Méditerranée, en direction de l’Europe, avait expliqué M. Waqar.
La décision de rouvrir de la frontière avec l’Erythrée intervient alors que le régime d’Omar El-Béchir est confronté depuis le 19 décembre, à une vague de contestation née de l’augmentation du prix du pain.
Les populations en colère, réclament la démission du chef de l’État et leurs manifestations sont régulièrement violemment dispersées par les forces de l’ordre, engendrant des blessés et des morts.
Trente personnes ont perdu la vie depuis le début du mouvement, selon un bilan officiel. Des ONG évoquent toutefois plus de 40 morts. Le président Béchir refuse de démissionner et impute les violences lors des manifestations à des «conspirateurs».