Les autorités soudanaises ont menacé jeudi de poursuivre les organisateurs des manifestations antigouvernementales qui secouent le pays depuis près de deux mois, les accusant d’appeler à la violence et de menacer la sécurité nationale.
Mercredi, l’Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation, a organisé sa première conférence de presse appelant à poursuivre le mouvement jusqu’à la chute du régime du président Omar el-Béchir.
«Le régime doit tomber, c’est notre objectif », a déclaré Mohamed Youssef, un porte-parole de l’Association des professionnels soudanais lors d’une conférence de presse, au siège d’Al-Oumma, principal parti d’opposition, à Omdourman, ville voisine de Khartoum.
Youssef avait également appelé les formations politiques et les militants à signer un «Document pour la liberté et le changement» qui expose selon lui, les grandes lignes d’un plan de l’après-Béchir, incluant une refonte du système judiciaire et un arrêt du déclin économique dans le pays.
«Nous avons maintenant la confirmation que ce groupe pour la liberté et le changement, appelle à la violence », a réagit un proche du pouvoir.
Jeudi, les organisateurs avait appelé cette fois-ci à des manifestations pour soutenir les populations touchées par les conflits dans les Etats soudanais du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan-Sud.
Dans le centre de Khartoum, des centaines de manifestants ont scandé «liberté, paix, justice», principal slogan du mouvement. Ils ont été rapidement dispersés par la police anti-émeute qui a eu recours au gaz lacrymogène et à des arrestations, selon des témoins.
Le Soudan est secoué depuis le 19 décembre par des manifestations déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Selon un bilan officiel, les affrontements entre les manifestants et forces de l’ordre ont fait depuis le début de la contestation, 30 morts selon un bilan officiel et 51 morts selon l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).
L’Association des professionnels soudanais avait exclu toute négociation avec el-Béchir, au pouvoir depuis un coup d’Etat militaire en 1989 pour renverser Sadek al-Mahdi, dernier Premier ministre démocratiquement élu et aujourd’hui à la tête du parti Al-Oumma qui soutient la contestation.