Autrefois considéré comme le vivier de l’Afrique Centrale, le Cameroun ne tient plus son rang de leadership économique, car miné par de nombreux maux, dont l’insuffisance alimentaire. En effet au pays des « lions indomptables », on compte chaque année au moins 105.000 enfants de moins de cinq ans tués par la malnutrition, a déclaré le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) dans son rapport de 2010. Force est de constater que rien que dans le Nord du pays, 115.000 enfants souffrent de malnutrition aiguë globale. Une crise humanitaire trop peu médiatisée, au goût de l’Unicef, qui tire la sonnette d’alarme sur l’état d’urgence de la situation notamment des plus jeunes, âgés de moins de trois ans, car les aliments fournis arrivent souvent périmés dans les centres communautaires de distribution.
La situation est réellement alarmante d’autant plus que le nombre de décès des moins de cinq ans lié à la malnutrition a augmenté ces dernières années, soit 210.000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. A cet effet le nutritionniste Denis Garnier a laissé entendre que «C’est effectivement une urgence dont on ne parle pas, une urgence silencieuse. D’autres crises humanitaires en Afrique sont plus visibles: On connaît mieux la situation au Niger. Au Cameroun, on a les mêmes problèmes mais on en parle moins. Le nord est ainsi une partie du Sahel oubliée. L’urgence camerounaise n’est pas très médiatisée. Mais elle pourrait s’aggraver si on ne poursuit pas nos efforts, surtout auprès des moins de trois ans». Le Cameroun qui a longtemps vanté son autosuffisance alimentaire, mais dont la politique agricole et les organismes de promotion de l’agriculture ont été dévoyés, a plus que jamais besoin d’une nouvelle réforme pour soutenir le développement agricole.