Détourner un processus pour obtenir des avantages contre une rétribution, voilà la définition de la corruption. Une pratique dont l’origine semble remonter à la nuit des temps et qui, notamment dans les pays subsahariens, semble parfois faire partie du fonctionnement normal des institutions. Certes, la corruption n’épargne aucun pays, mais passée un certain niveau, elle entrave le développement économique, politique et social.
Chaque année, depuis 1995, Transparency International, une ONG internationale, publie un classement des pays, du moins corrompu au plus corrompu. Ce classement repose sur l’Indice de Perception de la Corruption. (IPC). Le rapport annuel 2010 de cette ONG n’est pas flatteur dans son ensemble : les trois-quarts des 178 pays étudiés sont perçus comme très corrompus avec des IPC inférieurs à la moyenne. Mais une mention spéciale est décernée au Rwanda qui réalise une remarquable remontée, en passant de la 89ème à la 66ème place.
Le Rwanda doit cette avancée dans sa lutte contre la corruption à la mise en place et à l’application scrupuleuse de « la tolérance zéro ». L’année précédant la publication du rapport de Transparency International, deux directeurs généraux de grands établissements publics du pays (l’Institut National de la Statistique et le Bureau Central des Investissements CEPEX), trois secrétaires généraux des ministères, 12 directeurs de prisons et des agents du fonds d’assistance aux rescapés nécessiteux étaient emprisonnés, poursuivis pour corruption ou détournements de fonds publics. On peut également ajouter à cette liste le limogeage de 19 officiels de l’Office rwandais des recettes, d’un maire de district et de nombreux dirigeants des instances de base. Une autre particularité de cette « tolérance zéro » contre la corruption est qu’elle s’applique aussi à ceux qui, par le passé, étaient considérés comme des intouchables, c’est-à-dire les proches du parti au pouvoir.