Les tchadiens ont observé vendredi dernier, une journée sans téléphone portable. Cette action, initiée par l’Association pour la défense des consommateurs (ADC) et le Réseau de la société civile africaine pour la société de l’information (ACSIS-Tchad) avait pour objectif d’exprimer le mécontentement de la population face à l’hégémonie des compagnies de téléphonie mobile. D’après les témoignages recueillis sur place et la presse locale, la journée sans téléphone mobile semble avoir été une réussite ; le mot d’ordre a été suivi par une bonne partie de la population. Aucun chiffre n’a encore été avancé sur le manque à gagner que cela devrait représenter pour l’ensemble des opérateurs mobile du pays. La manifestation de protestation vient surtout en réponse à la nouvelle taxe de 0.2 centime de dollars par appel émis, prélevé depuis peu, sans consultation et sans explication claire sur sa nature ainsi que 2 dollars d’imposition du droit de timbre sur chaque carte SIM prépayée achetée . D’après les responsables des opérateurs mobiles, cette nouvelle taxe serait destinée au développement du sport. Les consommateurs paient déjà une taxe quotidienne de 2 centimes de dollars ainsi qu’une taxe environnementale de 0.2 centime de dollars. La population s’indigne et s’interroge sur la légalité de tels actes, posés sous la barbe même du gouvernement tchadien. Si les opérateurs de téléphonie mobile veulent améliorer leur image en subventionnant l’activité sportive, ils doivent le faire avec leur propre fonds et non imposer une taxe sur la population ; en effet, seul l’Etat dispose d’un tel pouvoir qu’il ne doit utiliser qu’au profit de l’intérêt général.
Pour les observateurs locaux, il s’agit de la goutte qui déborde le vase et met à nu une arnaque organisée pour extorquer de l’argent aux consommateurs, rendant la communication excessivement chère. Et la population a démontré qu’elle se mobiliserait pour défendre ses intérêts.