L’ancien chef d’Etat tchadien Hissène Habré a été inculpé hier au Sénégal pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures commis pendant ses 8 ans de pouvoir.
C’est le tribunal spécial mis en place à Dakar qui en a décidé ainsi : après son inculpation, l’ex-homme fort du Tchad a directement été placé sous mandat de dépôt, toujours dans la capitale sénégalaise. Toutefois, ses chefs d’inculpation prêtent encore à controverse. D’après les déclarations d’un responsable du tribunal, il a été reproché à M. Habré des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures. A cela, un des avocats de l’inculpé, Me El Hadji Diouf, a ajouté le terme de « génocide ».
Il faut dire qu’un jour avant ce verdict, le procureur général du tribunal spécial, Mbacké Fall, annonçait déjà les couleurs de l’issue de cette affaire : s’adressant aux médias, il affirmait avoir remarqué « des indices graves et concordants de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de tortures » à l’encontre d’Hissène Habré, lesquels furent perpétrés pendant sa période de législature (1982 – 1990). Sur base de cela, M. Fall avait sollicité la détention préventive de l’ancien dirigeant tchadien. Ainsi, dimanche, M. Habré, exilé au Sénégal depuis 1990, a été arrêté à son domicile avant d’être placé en garde à vue.
L’Etat ouest-africain où il espérait trouver un refuge s’est finalement transformé en geôle 23 ans après son arrivée. Tout compte fait, peut-être sera-t-il plus quiet au Sénégal que dans son pays d’origine. En effet, l’administration Deby, qui a directement succédé à Hissène Habré, a créé une commission d’enquête sur les crimes et détournements commis par ce régime. Celle-ci estime à 40 000 personnes le nombre de morts en détention ou par exécution pendant ces 8 ans. Avec de tels griefs et sans poser la question de leur véracité, Hissène Habré devrait en assumer les conséquences en cas de retour au Tchad.