En parallèle à l’offensive menée par l’armée nigériane contre BokoHaram, des comités de vigilance se sont formés pour renforcer cette action. Mais, ces structures ne reçoivent pas que des éloges.
Tous les moyens sont bons pour vaincre Boko Haram. Cette phrase peut résumer l’état d’esprit des autorités nigérianes, exténuées par les massacres dont la secte islamiste se réclame. C’est peut-être pourquoi elles ont laissé libre cours à la constitution de comités de vigilance : très actives à Maiduguri, le fief de Boko Haram, ces structures sont censées arrêter directement les islamistes pour, par la suite, les remettre aux forces de l’ordre. Rien de répréhensible a priori. Toutefois, selon quelques témoignages, les comités de vigilance outrepassent leur « mandat » en torturant leurs détenus, au point de commettre, par moment, l’irréparable. De quoi faire lever certaines voix : « ces organisations n’ont pas déposé de statut, donc elles peuvent représenter une menace à la sécurité », estime le président du barreau de Maiduguri. Il propose qu’ils soient enregistrés, régis par une législation adaptée et rattachés à la force conjointe d’intervention afin d’assurer leur supervision.
Du côté de cette dernière, beaucoup moins des craintes sont éprouvées : « quand ces groupes ont vu le jour, au début, les gens ont exprimé des réserves. Certains ont dit qu’ils risquaient de se retourner contre la société, mais aujourd’hui ces mêmes personnes saluent l’existence de ces groupes et de toutes les façons, la force conjointe d’intervention supervise et encadre leurs opérations », s’est voulu rassurant le porte-parole de cette force dans l’Etat de Borno. Un discours qui ne suffira certainement à faire taire la société civile, qui déplore aussi le recrutement d’enfants dans ces comités.