En pleine turbulence politique, les autorités burundaises s’apprêtent enfin à adopter d’importants amendements de la Constitution de la République du Burundi. Cela devrait permettre au pays de mettre fin à une situation anormale qui perdure depuis 2005.
Lundi, à Bujumbura, la capitale, le ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, a souligné l’urgence de cette révision constitutionnelle. Il a notamment fait remarquer que la loi fondamentale qui avait été mise en place en 2005 est tout simplement en déphasage avec les accords qui avaient présidé à sa promulgation. Il s’agit essentiellement des accords de paix d’Ashura de 2000 et de l’accord global de cessez-le-feu de 2003 qui avait mis fin à la guerre civile dans le pays. Sur de nombreux points prévus par ces textes, le Burundi est aujourd’hui, selon son ministre de l’Intérieur, dans une situation « inconstitutionnelle ».
En effet, depuis ces accords, le système politique est fondé sur le souci de l’équilibre ethnique entre les Hutu et les Tutsi se traduisant par des quotas. Les Tutsis ont accepté de perdre le pouvoir, y compris dans l’armée, en échange d’une présence garantie au gouvernement. Quatorze ans après, ces mesures n’ont pas été respectées. En plus de mettre fin à ces injustices, la révision constitutionnelle vise aussi à préparer les élections présidentielles de 2015.
Le texte, déjà amendé, pourra être soumis à l’adoption par le parlement d’ici la fin du mois de mars. Même si les députés rejetaient le projet d’amendement, le Président de la République garderait la latitude de le retirer pour le soumettre au référendum populaire. Mais l’opposition ne s’attend pas à arriver à cette situation. La représentante de l’Union pour le Progrès National (UPRONA), Mme Concilie Nibigira, a affirmé devant la jeunesse de son parti, espérer que le projet soit adopté sans utiliser d’autres moyens dilatoires.