En prenant jeudi, la décision de procéder au jugement de l’ex-président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, la Cour pénale internationale (CPI) a réveillé les débats sur « la justice des vainqueurs » en Côte d’Ivoire.
Pour les critiques de la vie politique ivoirienne, l’approche de la Cour se veut très partielle puisqu’elle ne concerne pas les auteurs de crime du camp Ouattara.
Selon elles, depuis le déclenchement des poursuites pour crimes nationaux et internationaux, les partisans du régime en place vivent en toute liberté alors que nombreux d’entre eux sont coupables et passibles de peines d’emprisonnement ou autres.
À en juger l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, il est clair que, permettre à une des deux parties au conflit de rester dans une large mesure hors de portée de la justice, sème les germes d’un nouveau conflit. Autrement dit, les initiatives concrètes de mise en œuvre de la justice à l’égard des criminels décrédibilise aussi bien le régime actuel que le précédent, par rapport à leurs ambitions de faire triompher la vérité sur les événements de 2010, qui ont causé la mort de plus de trois mille personnes dans ce pays.
En rappel, les résultats du second tour de l’élection présidentielle de 2010 ont suscité des tensions qui se sont soldées par une crise politico-militaire sans précédent. Victimes de manipulations politiques, les populations ont fait les frais de ce drame qu’a connu l’Etat ivoirien. Loin de les départager, la CPI, par ces décisions, jette un pan de voile sur la réalité d’une justice véritablement équitable. Sa décision de partialité contrarie, selon une source locale, de nombreuses victimes pro-Gbagbo de la crise postélectorale.