Patrice Gahungu, porte-parole de l’Union pour la paix et la démocratie, un petit parti de l’opposition burundaise a été abattu à Bujumbura mardi par des inconnus, un assassinat qui souligne le degré de tension qui reste vive au Burundi après l’élection contestée de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat présidentiel.
Déjà en mai dernier, au plus fort des manifestations contre la volonté du président Pierre Nkurunziza, le chef de ce parti, Zedi Feruzi, avait été lui aussi tué par balles avec son garde du corps, et la police n’a jamais fait état d’aucune avancée dans son enquête. « Patrice Gahungu a été assassiné par balles par des personnes non identifiées alors qu’il arrivait devant sa maison dans le quartier de Gihosha à 23h30 », a expliqué le général Godefroid Bizimana, poursuivant qu’une enquête a été ouverte pour retrouver les assassins du porte-parole de l’UPD.
Le directeur général adjoint de la police a également affirmé que ce crime avait été commis en l’absence de témoins.
Il est « clair qu’il y a la main du pouvoir de Pierre Nkurunziza car ce crime odieux s’inscrit dans une suite d’assassinats visant tous ceux qui ont osé dire que son 3e mandat est illégal », a déclaré Chauvineau Mugwengezo, président d’honneur de l’UPD, qui s’est exilé après avoir échappé à plusieurs tentatives d’assassinat.
L’UPD est particulièrement « visé car historiquement, il a accueilli plusieurs vagues de militants en provenance du parti au pouvoir depuis l’éviction de Hussein Radjabu de la tête du CNDD-FDD en 2007, et nous sommes farouchement opposés au pouvoir », a justifié M. Mugwengzezo.
Mais une source policière assure que le porte-parole de l’UPD pourrait avoir été assassiné par l’opposition, car il avait félicité publiquement le président Nkurunziza pour sa réélection, ce qui lui avait attiré les foudres de son camp.
Par ailleurs, la population a découvert mardi matin quatre cadavres de personnes assassinées par balles dans le quartier de Cibitoke, haut lieu de la contestation dans le nord-ouest de la capitale burundaise. Deux parmi eux ont été identifiés comme des manifestants arrêtés dernièrement par la police à Musaga, un autre quartier contestataire du sud de Bujumbura, ce que dément le porte-parole de la police.