Amnesty International accuse dans un récent rapport, les forces de sécurité burundaises d’avoir délibérément tué des civils qui ne représentaient aucune menace, durant les violences ayant causé la mort de 87 personnes, selon un bilan officiel.
« La plupart des morts avaient été tués d’une balle dans la tête et au moins une personne tuée a été découverte les mains et les pieds ligotées », a indiqué l’organisation de défense des Droits de l’Homme, qui affirme avoir enquêté pendant deux semaines à Bujumbura pour élaborer son rapport.
« Des voisins et d’autres témoins ont décrit comment de nombreuses victimes avaient été délogées de leur maison par la police, qui leur avait tiré dessus à bout portant », ajoute Amnesty.
Selon l’armée, au moins 87 personnes, 79 « ennemis » et 8 soldats et policiers, sont mortes ce jour-là dans des attaques coordonnées de trois camps militaires du pays dont deux à Bujumbura la capitale et un en province.
Mais l’ONU évoque un bilan probablement plus lourd d’environ 200 civils tués. Les habitants de Bujumbura ont décrit des exécutions sommaires par la police et des éléments de l’armée en représailles.
« La police burundaise semble avoir recouru à la force sans aucune retenue pour répondre à ces menaces », a estimé Amnesty International.
« En tuant délibérément des personnes sous leur garde, dont des civils qui ne représentaient aucune menace, les forces de sécurité ont violé l’interdiction sans équivoque imposée par la loi internationale sur les exécutions sommaires et extrajudiciaires », a accusé l’ONG.
Ces violences sont les plus meurtrières enregistrées au Burundi depuis le coup d’Etat manqué en mai, déclenché par la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat.
L’opposition, la société civile et une partie du camp présidentiel estiment que ce 3ème mandat auquel pu finalement accéder Pierre NKurunziza, est contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006).
Suite aux violences armées devenues récurrentes, l’Union africaine (UA) a annoncé en fin de semaine dernière, sa décision de le déployer une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (Maprobu), forte de 5.000 hommes et pour une durée de six mois renouvelables.
Mais le gouvernement burundais en a rejeté le principe et prévenu que si l’UA procède au déploiement de ses soldats sans son aval, cette mission serait alors considérée comme une « force d’invasion et d’occupation » avec toutes les conséquences qui en découleront.