Des experts de l’ONU ont affirmé ce jeudi qu’un « nettoyage ethnique’’, comparable à celui du Rwanda en 1994, est « en cours » dans plusieurs régions du Soudan du Sud, au terme d’une mission dans ce pays en proie à la guerre civile depuis décembre 2013.
Ces experts ont effectué une visite de dix jours dans les villes clés de Bentiu, Malakal et Wau, à la rencontre de responsables gouvernementaux, de membres de la société civile et de victimes du conflit.
Yasmin Sooka, la chef d’une délégation du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a affirmé dans un communiqué, «qu’il y a déjà un processus régulier de nettoyage ethnique en cours dans plusieurs zones du Soudan du Sud, qui se traduit notamment par la faim extrême, des viols collectifs et la destruction de villages».
«Partout où nous sommes allés dans le pays, nous avons entendu des villageois dire qu’ils étaient prêts à répandre du sang pour récupérer leurs terres», a-t-elle ajouté, sans viser un camp en particulier.
Des informations aussitôt démenties par le président sud-soudanais, Salva Kiir, depuis Johannesburg, en Afrique du Sud, où il est actuellement en visite. «Il n’y a rien de tel au Soudan du Sud. Il n’y a pas de nettoyage ethnique», a-t-il confié à la presse.
Pourtant, quelques jours plutôt, le Conseiller spécial de l’ONU sur la prévention du génocide, Adama Dieng, avait tiré la sonnette d’alarme devant le Conseil de sécurité,déclarantavoir vu au Soudan du Sud tous les signes qui montrent que la haine ethnique et le ciblage des civils peuvent déboucher sur un génocide si rien n’est fait pour l’empêcher.
Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud est plongé depuis décembre 2013 dans une guerre civile qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et plus de 2,5 millions de déplacés.