La Commission vérité et réconciliation (CVR) a révélé mardi avoir identifié plus 140.000 personnes tuées ou portées disparues lors des différentes crises qui ont endeuillé le Burundi depuis son indépendance en 1962.
La CVR a déjà identifié provisoirement 142.505 personnes tuées ou portées disparues dans les différentes tragédies que notre pays a traversées», a annoncé Pierre-Claver Ndayicariye, le président de la CVR, en présentant un «rapport d’étape» devant le Parlement réuni en congrès à Bujumbura.«Cette liste provient des révélations recueillies lors de dépositions faites volontairement auprès de la CVR, mais il y a de nombreux autres témoins qui n’ont pas encore pu témoigner», a-t-il souligné.
La CVR a déjà recensé à ce jour plus de 4.000 fosses communes de différentes tailles à travers tout le pays. Entre 250 et 270 corps ont été déterrés au cours des trois dernières semaines lors d’une opération fortement médiatisée à Kamenge, un quartier populaire de la périphérie nord-est de Bujumbura.
A sa création en 2014, la commission avait été mise en place pour établir la vérité sur les massacres interethniques ayant frappé le Burundi depuis son indépendance en 1962 jusqu’au 4 décembre 2008, date supposée de la fin de la violence armée dans le pays.
Le Burundi est en crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Les violences et la répression qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, selon les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.
Fin décembre 2019, le parquet burundais a requis 15 ans de prison à l’encontre de quatre journalistes et leur chauffeur arrêtés le 22 octobre, alors qu’ils couvraient l’incursion de rebelles burundais venus de la République démocratique du Congo (RDC).
Le Burundi occupe la 159e place du classement de la liberté de la presse établi par RSF, alors qu’il était considéré avant le début de la crise en 2015 comme un des rares États de la région des Grands lacs à être doté d’une presse libre et indépendante.