Certaines ONG actives en Guinée Bissau ont tiré la sonnette d’alarme sur la faim grandissante au sein de la population. Un phénomène qui serait lié à la chute du prix de la noix de cajou.
Présentement, un kilo de noix de cajou se vend, en moyenne, à 0,02 dollar. L’année dernière, la même quantité se cédait à environ 0,054 dollar, ce qui accuse une diminution de 63 %. Du coup, le prix actuel est le plus faible enregistré. En effet, beaucoup de facteurs justifient ce recul : d’abord, la Guinée Bissau paye les conséquences de l’illégitimité de son gouvernement, mis en place après le coup d’Etat d’avril 2012. Comme si cela ne suffisait pas, cette équipe exécutive n’a pas su trouver un terrain d’entente avec les commerçants locaux sur le prix étalon. En outre, ces derniers éprouvent de difficultés à assurer la production vu que les banques ont décidé de diminuer les prêts leurs accordés. Par ailleurs, à cause de la conjoncture mondiale, l’Inde, qui est le principal importateur de la noix de cajou bissau-guinéenne, a revu ses achats à la baisse. Sans compter la chute des prix de ce produit à l’échelle internationale.
Tout cela a abouti à « une baisse significative de la sécurité alimentaire, qui oblige les habitants à recourir à des mécanismes d’adaptation, comme sauter des repas, réduire leur apport alimentaire, vendre leurs animaux et ainsi de suite », a indiqué le responsable du Programme Alimentaire Mondial (PAM) en Guinée Bissau. Il est courant que des paysans échangent leurs noix de cajou contre d’autres aliments. A titre d’illustration, 3 kilos de noix de cajou équivalent désormais à un kilo de riz. Pourtant, les deux produits avaient la même valeur il y a peu. Malheureusement, ce troc entame la qualité et la quantité de l’apport alimentaire dans la population. Conséquence : 48 % des bissau-guinéens connaissent un déficit alimentaire nécessitant une aide d’urgence.
Ce qui a été prouvé par une récente investigation menée notamment par le PAM, la FAO et le ministère bissau-guinéen de l’agriculture : seuls 8 % des sondés disposaient de réserves de céréales suffisantes pour un mois et demi. A l’opposé, 38 % de la dernière récolte en noix de cajou est invendu. Une contreperformance qui devrait avoir de l’impact sur les importations de riz, lesquelles dépendent des ventes de noix de cajou.