Plus de 41 % de jeunes filles sont victimes de mariages forcés en Guinée Bissau, d’après la Ligue Bissau-guinéenne des Droits de l’Homme (LGDH). De quoi vraiment s’inquiéter.
Si le phénomène du mariage forcé est courant dans le continent noir, il semble quelque peu exagéré en Guinée Bissau, où près d’une jeune fille sur deux le subit. Cette proportion importante est indubitablement liée aux us et coutumes locaux. En effet, les traditions de 36 ethnies bissau-guinéennes avalisent les mariages forcés et précoces. Il était donc grand temps pour la LGDH de tirer la sonnette d’alarme, d’autant plus que les autorités de tutelle paraissent très laxistes face à cette pratique rétrograde. Pour ce faire, l’organisme de défense des droits humains a choisi de mettre certains cas sur la place publique. Ainsi, par exemple, le responsable de la LGDH, Luis Vaz Martins, a récemment rapporté le cas d’une jeune fille contrainte à s’unir avec un militaire : depuis, elle est retenue depuis plus d’un mois dans un lieu secret au sud de la Guinée Bissau. En guise de protestation, la LGDH a organisé une manifestation en collaboration avec l’Association des Amis de l’Enfance et le Réseau National de Lutte contre la Violence.
Il n’est pas excessif de dire que ce genre d’initiatives est salutaire pour la Guinée Bissau. Dans ce pays, 15 cas de viols des droits de jeunes filles sont enregistrés au quotidien, en moyenne. Pour ce qui des mariages forcés, les rares victimes qui parviennent à s’en sortir ne sont accueillies que par des services sociaux ecclésiaux à l’instar du centre d’hôtes de l’église évangélique de Bissau. Comme dans d’autres coins du monde, le phénomène du mariage forcé en Guinée Bissau peut s’expliquer par la pauvreté, qui pousse les familles les plus démunies à laisser partir leurs filles trop tôt. L’amitié et la proximité entre deux familles est également souvent mise en cause. Mais, les conséquences, notamment, sanitaires, pour les victimes de cette pratique peuvent être désastreuses.