La justice gambienne a ordonné hier lundi, la libération sous caution, du chef de fil de l’opposition, Ousainou Darboe ainsi que de 18 de ses sympathisants, condamnés en juillet dernier, à trois ans de prison ferme, pour participation à une manifestation non autorisée.
Cette libération était très attendue, à la suite de la victoire de l’opposant Adama Barrow, à l’issue de l’élection présidentielle du 1er décembre dernier. «Les demandeurs se voient accorder la liberté sous caution en attendant leur jugement en appel», a déclaré le juge, trois jours seulement après la défaite du président Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans.
Pour l’ensemble des prévenus, à l’exception de Darboe, cette libération a été également assortie de la remise de leurs passeports.
«Cette décision de justice est une preuve du processus démocratique qui a commencé en Gambie», a affirmé Me Atoumane Gaye, un avocat de la défense. Elle annonce, selon lui, une ère nouvelle d’indépendance de la justice, pendant longtemps perçue comme un instrument aux mains du régime pour réduire au silence ses contradicteurs.
«La libération sous caution d’Ousainou Darboe et de 18 autres manifestants pacifiques, est un grand moment pour eux, ainsi que pour leurs familles. Nous espérons que cette avancée positive est le signe qu’en temps voulu, ils seront acquittés de toutes les charges », s’est réjouit Sabrina Mahtani, chercheuse d’Amnesty International sur l’Afrique de l’Ouest anglophone.
«Nous ne devons pas oublier les autres prisonniers d’opinion qui croupissent encore en prison uniquement pour avoir exprimé leur opinion ou participé à des manifestations pacifiques. Parmi eux, trois imams qui ont été arrêtés par les forces de sécurité, il y a plus d’un an et que plus personne n’a été revu depuis. Leur crime est d’avoir soumis une pétition au gouvernement», a-t-elle ajouté.