En Guinée-Bissau, la disparition soudaine du président de la Ligue des droits de l’Homme, Abubacar Turé, suscite une vive inquiétude au sein de la société civile. L’organisation a lancé l’alerte ce lundi, affirmant ne plus avoir de nouvelles de son dirigeant depuis plusieurs jours, à la suite de déclarations jugées diffamatoires par les autorités sanitaires.
« Notre président est la cible d’une persécution manifeste. Des policiers ont été vus autour de son domicile. Depuis, nous sommes sans nouvelles », a déclaré Claudina Vieiga, vice-présidente de la Ligue bissau-guinéenne des droits de l’Homme (LGDH), lors d’un point de presse tenu à Bissau.
Abubacar Turé aurait disparu après avoir publié jeudi un message virulent sur Facebook, dans lequel il dénonçait les conditions déplorables du service d’hémodialyse de l’hôpital Simon Mendes, le qualifiant de « mouroir ». Il y accusait les agents de santé de graves négligences ayant, selon lui, entraîné la mort de tous les patients passés par ce service.
Ses propos ont immédiatement déclenché une tempête de réactions. L’Association des techniciens de santé a porté plainte pour diffamation et exigé que M. Turé apporte des preuves tangibles à l’appui de ses accusations.
D’après les proches du militant, des agents de police se seraient introduits à son domicile peu après la publication pour procéder à son arrestation. Depuis cet événement, il reste introuvable, et sa famille affirme ne disposer d’aucune information sur sa localisation ou son état.
Interrogé à ce sujet, le ministre de l’Intérieur Botche Candé a affirmé ne pas avoir été informé d’une quelconque intervention de ses services. « En tant que ministre, je n’ai reçu aucun rapport indiquant que des agents de la police nationale se soient rendus chez M. Turé », a-t-il déclaré à la presse.
Cette disparition intervient dans un contexte tendu, où les défenseurs des droits humains dénoncent une pression croissante sur la liberté d’expression. La Ligue des droits de l’Homme appelle les autorités à garantir la sécurité de son président et à faire toute la lumière sur sa situation.