Les débats au sein de l’Assemblée nationale sénégalaise seront désormais traduits en six langues nationales pour permettre à chaque député de s’exprimer et d’écouter ses pairs sans aucune barrière, quel que soit son niveau en français, langue de travail dans ce pays d’un peu plus de quatorze millions d’habitants.
Un système d’interprétation simultanée a été inauguré mardi 02 décembre dans l’enceinte de l’hémicycle à Dakar. Il utilisera dans un premier temps, en interprétariat direct, les six langues nationales, à savoir le wolof, le sérère, le diola, le pular et le malinké. Mais cela ne signifie pas que le français ne sera plus utilisé par les députés, car il reste la langue officielle du Sénégal.
« Toute la documentation écrite l’est et continuera de l’être en français », précise Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale. «L’introduction des langues nationales au Parlement est une innovation qui ne menace pas l’avenir de la langue française car celles-là constituent la base même du patrimoine culturel sénégalais », a-t-il ajouté.
Un point de vue que partage le député Modou Diagne Fada, président du groupe libéral (opposition) pour qui nul n’est besoin de connaître la langue de Molière avant d’être élu député. Celui-ci n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que son pays vient d’accueillir le XVe sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie.
Au Sénégal, ex-colonie française, au moins un député sur trois ne maîtrise pas suffisamment ou pas du tout le français qui est parlé par 29 % de la population ,selon le rapport de l’IOF sur la situation de la langue française dans le monde en 2014.Le système de traduction simultanée, en gestation depuis plusieurs législatures, a été financé par l’Union Européenne à hauteur de 300 millions de francs CFA(457 000 euros), le reste étant supporté par l’Etat du Sénégal.