Le géant de l’agro-alimentaire Nestlé s’est dit déçu par le rythme d’émergence de la classe moyenne dans différents pays d’Afrique, contrairement à l’idée généralement répandue sur le dynamisme économique du continent.
« Nous pensions que ce serait la prochaine Asie, mais nous avons réalisé que la classe moyenne ici dans la région est très petite et n’est pas vraiment en progression », a déclaré mercredi, Cornel Krummenacher, le responsable du groupe pour la zone de l’Afrique équatoriale, une zone qui couvre 21 pays, dont le Kenya ou l’Angola, et où Nestlé va réduire sa flotte.
Des commentaires visiblement contraires à l’idée que la classe moyenne africaine est en pleine expansion, à mesure que l’économie du continent croît, certes à des rythmes différents selon les pays, mais qui fait de l’Afrique un marché potentiel pour les grandes industries de la consommation.
Avec des taux de croissance attendus entre 4,5% et 5% en 2015 et 2016 par différentes institutions économiques internationales, le continent africain est en effet présenté comme un nouvel eldorado pour les entreprises. Les compagnies aériennes multiplient les liaisons, vu que « la classe moyenne a commencé à voler », selon le patron de Turkish Airlines, Temel Kotil, les banques se disputent un secteur en pleine ébullition, etc.
Dans un rapport présenté début juin, le World Economic Forum (WEF) estime que « les pays africains, parmi lesquels le Mozambique, la Zambie ou l’Ethiopie, devraient croître plus vite que beaucoup d’économies émergentes, grâce aux investissements étrangers directs, à l’urbanisation rapide et à la classe moyenne émergente ».
Aussi, à la mi-juin, le cabinet Ernst & Young (EY) révélait que l’Afrique était la deuxième destination mondiale des investissements étrangers. Mais les groupes internationaux comme Nestlé doivent également faire face à la montée de concurrents locaux qui les bousculent, notamment dans le secteur bancaire, ou dans le secteur alimentaire.
Ainsi la Côte d’Ivoire a inauguré en mai sa première usine de chocolat, qui permettra de servir les consommateurs locaux, un symbole de « l’émergence d’une classe moyenne», selon Jean-Louis Billon, le ministre ivoirien du Commerce.