La Banque mondiale a annoncé l’annulation du financement d’un projet de développement des transports en Ouganda en raison de « graves » manquements et d’abus sexuels qui auraient été commis par un sous-traitant.
« Les multiples manquements que nous avons vu dans ce projet –de la part de la Banque mondiale, du gouvernement ougandais et d’un sous-traitant du gouvernement– sont inacceptables », a déclaré Jim Yong Kim, le président de la Banque Mondiale dans un communiqué.
La banque évoque plus précisément des « entorses contractuelles » qui soulèvent des inquiétudes relativement aux droits des travailleurs et à l’environnement, de « mauvais résultats » mais aussi de « sérieuses accusations » d’agressions sexuelles commises par les contractants.
Des employés qui travaillent sur les chantiers de construction auraient eu des relations sexuelles avec de jeunes femmes mineures membres de la communauté locale et se seraient rendus coupables de harcèlement contre leurs collègues féminines, indique le communiqué.
La Banque, elle, admet ne pas avoir « proprement supervisé » la mise en oeuvre de ce projet d’amélioration du réseau routier ougandais approuvé en 2009 et qu’elle finançait –quasi exclusivement– à hauteur de 265 millions de dollars via sa branche dédiée aux pays pauvres.
Ce financement, déjà suspendu depuis fin octobre, est maintenant annulé. Une enquête indépendante a été ouverte à la demande des populations des régions de Kamwenge et Fort Portal Road, dans l’ouest de l’Ouganda.
C’est une décision rarement adoptée par la Banque mondiale. L’unique et dernière décision miliaire en date remonte à juin 2012, lorsque la Banque Mondiale avait annulé un crédit de 1,2 milliard de dollars destiné à la construction d’un pont au Bangladesh après des accusations de corruption.
Mais ce n’est en revanche pas la première fois que la Banque mondiale s’en prend à l’Ouganda. Déjà en février 2014, la banque avait suspendu un prêt de 90 millions de dollars après l’adoption par les autorités ougandaises d’une loi controversée réprimant l’homosexualité.
Dans un communiqué publié ce lundi, la Banque indique d’ailleurs qu’elle va mener des « évaluations » de ses autres projets en Ouganda et dans « d’autres pays ».