Pendant que le débat sur l’accaparement des terres africaines par des étrangers bat son plein, des ténors indiens de l’agroalimentaire projettent d’acheter ou de louer le plus d’hectares sur le continent noir afin d’y faire pousser leurs matières premières. Dans ce cadre, une délégation constituée d’une trentaine d’industries indiennes a sillonné le mois dernier trois pays est-africains, l’Ethiopie, l’Ouganda et la Tanzanie. Tous les géants de l’agro-industrie indienne (Karuturi Global, Kaveri Seeds, Mcleod Russel, etc) étaient de la partie, animés par un leitmotiv commun : investir 2,5 milliards de dollars américains dans l’agriculture en Afrique pour récolter des légumes, des céréales et des oléagineux à commercialiser, par la suite, sur le marché indien. En réponse, les hôtes africains semblent avoir été favorables aux propositions de la délégation indienne, motivés dans la perspective d’une création massive d’emplois. Néanmoins, il faut dire que les contacts noués depuis déjà longtemps ont facilité les discussions. C’est le cas de Karuturi qui loue déjà 100 000 hectares de terre en Ethiopie, chose qui ne lui suffit pas car il projette de signer de nouveaux contrats de bail afin de produire des céréales, de la canne à sucre et de l’huile de palme. Néanmoins, la catastrophe alimentaire que connaît la Somalie et, accessoirement, le Kenya et Djibouti, doivent interpeller les décideurs des pays visités par les investisseurs indiens. Car, destiner entièrement la production agricole à un pays étranger aura sûrement une incidence néfaste sur la sécurité alimentaire du pays d’accueil des plantations. Il est donc impérieux de négocier astucieusement ces contrats.