Les réserves en diamant de la Sierra Leone représentent plusieurs centaines de millions de dollars pour les multinationales de l’industrie joaillère. Une situation qui ne se reflète pas du tout l’économie du pays puisque son indice de développement humain est au plus bas. De plus ces diamants ont été la principale cause de la guerre civile qui a déchiré le pays du 23 mars 1991 au 18 janvier 2002. Un conflit armé soutenu par le Libéria de Charles Taylor et qui, sous couvert de diverses revendications politiques, avait pour unique raison le contrôle des régions diamantifères du pays. Le bilan de cette guerre civile : entre 100 000 et 200 000 morts, plusieurs milliers de personnes mutilées volontairement et entre 2 et 4 millions de personnes déplacées.
L’on estime à 200 000 le nombre de mineurs qui exploitent le diamant, mais seuls un peu plus de 10% d’entre eux sont officiellement enregistrés. Ils sont sous-payés, ne disposent d’aucune technologie et travaillent donc d’une façon artisanale. Le marché noir représenterait 50% du marché mondial du diamant. Il a atteint son apogée pendant la guerre civile : en 1998, alors que la production officielle était de 8 500 carats, le Diamond High Council enregistrait 770 000 carats.
Depuis la fin de la guerre, certaines mesures prises par le gouvernement, même si elles n’ont pas réussi à stopper le commerce illicite de diamant passant par le Libéria et la Guinée, ont permis d’accroître la production officielle qui est passée de 26 millions de dollars en 2001 à 68.5 millions de dollars en 2003.
La chute du cours du diamant en Afrique incite davantage de mineurs à se lancer dans l’agriculture. Ils sont aidés dans cela par une ONG internationale, COOPI, qui leur fournit savoir-faire et matériel. Une reconversion qui pourrait sortir la Sierra-Leone de la misère, chose qu’un demi-siècle d’exploitation de diamants n’a su faire.