Le scandale de Griffiths Energy est désormais officiel, la société vient de reconnaître avoir versé la somme de 2 millions de dollars à la femme d’un diplomate tchadien pour faciliter l’acquisition d’un permis pétrolier. L’annonce intervient après un changement de direction de la multinationale. D’après la nouvelle direction, c’est depuis plus d’une année que les soupçons pesaient sur l’ancienne direction. Après enquête, il s’est avéré que l’équipe directrice précédente avait effectivement versé une commission de 2 millions de dollars au près de l’épouse de l’ambassadeur tchadien aux USA. L’enquête a été conjointement diligentée par les autorités canadiennes et américaines. Pour bénéficier de circonstances atténuantes, la société a décidé de jouer la franchise. En effet, la loi canadienne prévoit de sérieuses sanctions contre tout individu ou institution ayant corrompu directement ou indirectement un agent public étranger, dans le but d’utiliser sa position pour influencer les décisions de l’Etat étranger pour lequel il exerce ses fonctions officielles. Ce qui est précisément le cas pour cet affaire ; car, dans le document rédigé par l’entreprise, on explique comment l’ambassadeur a bénéficié indûment des avantages offerts par Griffiths Energy, en vu d’inciter ce dernier à influencer le processus d’octroi de bloc pétrolier au Tchad. Pour une prestation de consultant, une entreprise dont le diplomate est le seul propriétaire, a reçu 2 millions de dollars alors qu’aucune trace réelle de l’expertise ne subsiste. Par ailleurs, une clause stipule que le consultant ne recevrait sa rémunération qu’à condition que Griffiths n’obtienne les blocs pétroliers de Doseo et de Borogop. La compagnie aurait arrêté ces pratiques après que ses conseillés juridiques aient tiré la sonnette d’alarme sur l’illégalité de la manœuvre. A la surprise générale, moins d’un mois après, la société va recourir à la même procédure et cette fois avec une compagnie appartenant à l’épouse du même diplomate; la Chad Oil. Pour l’instant, la compagnie a été condamnée à payer une amende de 10,35 millions de dollars. Pour les observateurs, ce cas n’est qu’une goûte d’eau dans l’océan. Le recours aux commissions est très répandu en Afrique et une bonne partie de multinationales s’y adonnent.