Le roi Mohammed VI se rendra dans les prochains jours en visite officielle en Tunisie alors que les deux pays maghrébins, traditionnellement proches sur les plans politique et économique, doivent faire face à des défis géopolitiques sans précédent qui menacent toute la région englobant le Maghreb et le sahel.
La visite du souverain marocain, la première depuis l’élection du président Moncef Marzouki en 2011, intervient également dans un contexte où la Tunisie est aujourd’hui en phase de lent rétablissement. Le pays se remet en effet d’une grave crise politique, sécuritaire, économique et identitaire qui avait failli dégénérer dans le sillage de ce qui a été hâtivement baptisé Printemps arabe. Grâce en partie à la cohésion de ses institutions étatiques et à un bon sens du compromis entre les protagonistes politiques, le pays a réussi à circonscrire les violences et à retrouver la voie du dialogue politique. Et malgré la persistance de l’insécurité à ses frontières avec la Libye voisine et l’inquiétante prolifération des groupes armés au Sahel, la Tunisie tente de se ménager un espace relativement apaisé dans une région particulièrement agitée. Toutefois, sur le plan économique, les trois années d’agitation ont eu raison d’une activité commerciale fortement dépendante des exportations vers l’Europe en crise, et d’un secteur touristique aujourd’hui pratiquement sinistré.
De son côté, le Maroc qui a surmonté sans embûches les révoltes du Printemps arabe, essaye de mettre à profit l’amélioration de la situation en Tunisie pour insuffler une nouvelle dynamique à des relations économiques et commerciales bilatérales traditionnelles. Ainsi, parallèlement à la visite du roi qui devrait être accompagné d’une forte délégation d’officiels et d’opérateurs économiques, les patronats marocains et tunisiens organisent un forum économique à Tunis. Réunie le 29 mai par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), la rencontre se fixe pour objectifs de « bâtir des synergies au service de la croissance et de l’emploi » entre le deux pays.
Une ambition qui n’est pas sans fondement puisque les deux pays ont maintenu leurs échanges à un niveau appréciable, notamment dans le cadre de l’accord d’Agadir de 2007. L’impasse dans laquelle se trouve le projet maghrébin et la fermeture des frontières algéro-marocaines depuis 20 ans, n’ont pas altéré la confiance des opérateurs économiques des deux pays. L’illustration en a été donnée avec la crise de 2011 en Tunisie, lorsque plusieurs entrepreneurs tunisiens, notamment dans le secteur de la sous-traitance automobile, ont préféré transférer leurs activités au Maroc.