Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l’acquittement inattendu, mardi dernier, de l’ex-première dame ivoirienne, Simone Gbgagbo, dans son procès pour crimes contre l’humanité commis durant la crise postélectorale de 2010-2011.
Pour les défenseurs des droits de l’Homme, ce verdict, qui conclut un procès «entaché d’irrégularités», est une «prime à l’impunité».
C’est le cas de Human Rights Watch (HRW), qui critique un «procès entaché d’irrégularités, qui met en évidence l’importance de la Cour pénale internationale (CPI) comme voie de recours pour les victimes».
Mme Gbagbo est d’ailleurs poursuivie devant cette Cour, pour crime contre l’humanité. «L’enquête peu approfondie et les preuves présentées lors de son procès, soulignent l’importance de l’affaire en cours contre Laurent Gbagbo à la CPI pour des crimes similaires», a souligné l’ONG de défense des droits de l’Homme.
Même sentiment d’indignation chez le Collectif des victimes de Côte d’Ivoire. Selon son président, Issiaka Diaby, cet acquittement est «une prime supplémentaire à l’impunité. Cet acte grave fait de nous de potentielles victimes de demain… les parents des victimes attendaient cette condamnation pour faire le deuil de leurs proches disparus ou assassinés, mais voilà».
Le ton n’est pas non plus tendre du côté de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) et du Mouvement ivoirien des droits de l’homme (MIDH). Dans un communiqué conjoint, les trois organisations ont également déploré l’issue du procès. «Ce procès a été un véritable fiasco, tant sur la forme que sur le fond (…) La Côte d’Ivoire ne pourra pas faire l’économie de la justice sans mettre en péril sa stabilité à moyen terme. Les autorités judiciaires doivent donc tirer les leçons de ce nouvel échec», ont écrit ces ONG.
Mme Gbagbo, 67 ans, était jugée depuis le 31 mai 2016, pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier d’Abidjan favorable à Alassane Ouattara (rival de son mari Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010) et pour sa participation à une cellule qui organisait des attaques menées par des milices et des militaires proches du régime. La crise postélectorale en Côte d’Ivoire, avait fait 3.000 morts, selon les chiffres officiels.