Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont autorisé l’ouverture d’une enquête sur les crimes commis au Burundi, une décision prise deux jours avant que ce pays ne devienne fin octobre dernier le premier Etat à quitter la CPI.
Mais « le retrait du Burundi n’affecte pas la compétence du tribunal en ce qui concerne les crimes qui auraient été commis pendant la période où il était un Etat partie, à savoir jusqu’au 27 octobre 2017 », avait expliqué le porte-parole de la CPI.
Dans une décision rendue sous scellés le 25 octobre, le tribunal de la Haye «a autorisé le procureur de la CPI à ouvrir une enquête sur des crimes relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis au Burundi ou par des ressortissants burundais à l’extérieur de leur pays depuis le 26 avril 2015 et jusqu’au 26 octobre 2017 », estimant qu’au moins 1.200 personnes auraient été tuées.
Les juges répondent ainsi favorablement à une demande de la procureure Fatou Bensouda suite à un examen préliminaire lancé en avril 2016 concernant, « notamment le meurtre et la tentative de meurtre, l’emprisonnement ou la privation grave de liberté, la torture, le viol, la disparition forcée et la persécution », monnaie courante dans ce pays de la région des Grands Lacs.
Ces infractions qui se sont plongées dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en 2015 sa candidature à un troisième mandat, qu’il a obtenu après une élection boycottée par l’opposition.
Le gouvernement de Bujumbura a toutefois dénoncé l’autorisation d’enquête annoncée ce jeudi par la cour, estimant que « la CPI, corrompue, vient de se tirer encore une balle dans le pied ».
Le responsable de la communication présidentielle burundaise Willy Nyamitwe a déclaré sur Twitter. « La tricherie saute aux yeux. Sans doute que le Burundi sortira vainqueur de cette bataille, c’est la dernière carte de l’Occident. »